Méthode

 

 

 

Il fallut enlever, se défaire du superflu, ôter la table et l’établi, pour ne garder que ce qui semblait encore ouvert ; réinventer les signes pauvres en possible répertoire et s’avancer avec eux sur les espaces qui se découvraient, sans chercher à les spécifier par avance.

 

Rencontrer et se défier des analogies et des ressemblances faciles, à côté, un sac ouvert où les déposer en attente.

 

Dresser la liste ce qui sera conservé, de ce qui n’est pas épuisé. Découvrir des rapports là où il n’était pas attendus, prouver des passages entre des choses à priori étrangères, se moquer des ordres instaurés, classements et catégories.

 

Une étendue devant soi, évocatrices des inconstantes propriétés du poète Henri Michaux, patiemment cultivées et, le jour suivant, rendues à la poussière, une étendue marquée de quelques signes et repères qui se révélèrent ceux-là même que nous y avions projeté.

 

S’attacher à des lectures inconfortables qui drainent davantage de questions qu’elles ne donnent de réponses, des livres sans point final.

 

Passer au travers des fentes et interstices, derrière les écrans et les toiles peintes, afin d’y trouver ce qui n’était pas mis en lumière, par refus ou simple ignorance.

 

Aller et revenir, revenir pour aller à nouveau, être des deux côtés à la fois, celui qui fait et celui qui regarde, regarde et défait pour refaire autrement.

 

 

 

J’ai le sentiment d’avoir toujours peint des commencements, et que l’objet de mon travail est d’avancer des hypothèses de

commencements. Je me suis porté d’un point de départ vers un autre et ses suivants, engendrant une ligne qui trouvait son

prolongement au fil de mes déplacements. J’aurai inventorié des points d’accès, demeurant sur une frontière où tout cesse et

tout commence.

 

 Serge Fauchier janvier 2018